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Yannick Jadot, eurodéputé EELV, réagit au compromis trouvé cette nuit à Bruxelles

COMMUNIQUE DE PRESSE – Strasbourg, le 24 octobre 2014

Yannick Jadot, eurodéputé EELV, réagit au compromis trouvé cette nuit à Bruxelles

« Le paquet climat énergie adopté cette nuit par les dirigeants européens réduit fortement la dynamique et le cadre européen de transition énergétique et de lutte contre le dérèglement climatique. Une remise en cause du leadership industriel et climatique européen dangereuse à un an de la conférence de Paris sur le climat.

Sur l’objectif climatique: en refusant de purger les milliards de quotas CO2 distribués excessivement pendant la période actuelle et d’assainir le marché carbone, en maintenant de trop nombreuses flexibilités, l’objectif de 40% pourrait dans la réalité ne pas dépasser les 30%.

Sur l’objectif efficacité : l’objectif retenu de 27% « indicatif » -donc non contraignant- est très en dessous de celui porté par le parlement et la Commission. C’est une division par 2 des efforts sur la décennie 2020 par rapport à la décennie 2010. En pleine crise du gaz russe, avec 100 millions de précaires énergétiques, c’est une victoire des lobbys des énergies fossiles et nucléaires dont la rente dépend de notre ébriété énergétique. Une victoire indirecte de la Russie.

Sur l’objectif renouvelables : là aussi les dirigeants européens ont fait le choix de diviser par 2 l’ambition européenne sur la prochaine décennie. Incompréhensible au moment où les coûts de ces énergies les rendent enfin compétitives, incompréhensible aussi au regard de l’intensité en emplois de ces secteurs. En outre, les dirigeants ont cassé le cadre réglementaire européen en supprimant les obligations nationales en la matière. C’est donc une renationalisation de la transition énergétique que les dirigeants ont décidé, à rebours des besoins et des discours sur l’union de l’énergie. Il faut espérer que la dynamique très forte des secteurs économiques compensera ce dramatique recul politique.

Une des raisons de l’échec de cette nuit a été la procédure choisie par les dirigeants européens : décider seuls et imposer leur volonté au parlement et à la commission. C’est largement contraire aux traités et surtout très inefficace puisque leur méthode requiert l’unanimité plutôt que la majorité. Sous la menace permanente du veto britannique ou polonais le résultat ne pouvait pas être à la hauteur d’un leadership européen en matière climatique et énergétique.

Dans cette négociation la France n’a pas été exemplaire, loin s’en faut. En choisissant depuis des mois l’alliance avec le Royaume-Uni pour les EPR plutôt qu’avec l’Allemagne sur les renouvelables, elle a contribué au coup de frein de cette nuit en matière de lutte contre le dérèglement climatique, de transition énergétique, et de leadership industriel. Pas un très bon signal à un an de la conférence de Paris.

La bonne nouvelle de la période, c’est que la réalité économique favorise la transition. Plus des deux tiers des nouvelles capacités de production électriques en Europe sont des renouvelables. Partout des citoyens, des coopératives, des entreprises, des villes et des régions s’inscrivent dans cette transition, luttent à leur échelle contre le dérèglement climatique. Nos dirigeants ont choisi de sauvegarder encore un peu leur vieux monde, à rebours du bon sens, de leurs responsabilités et de leurs discours, à rebours de l’histoire.