Emmanuelle Cosse : « François Hollande s’est égaré »
Emmanuelle Cosse : « François Hollande s’est égaré »
Quelques heures avant l’intervention télévisée de François Hollande, ce soir, sur TF1, la secrétaire nationale d’Europe écologie-les Verts, Emmanuelle Cosse, dont l...
|
|||||||
Aperçu par Yahoo
|
|||||||
Quelques heures avant l’intervention télévisée de François Hollande, ce soir, sur TF1, la secrétaire nationale d’Europe écologie-les Verts, Emmanuelle Cosse, dont la formation ne compte plus de ministres depuis avril, entend maintenir « le rapport de forces avec le gouvernement ». Pour la première responsable écologiste, l’échec n’est pas écrit : « Tout est encore possible » avant 2017, nous déclare-t-elle, à condition pour les forces de gauche de savoir se rassembler « sur les bases (de la victoire) de 2012 ».
François Hollande, qui s’exprime ce soir à la télévision, ne devrait pas modifier son cap. Le changement peut-il attendre 2017 ?
Emmanuelle Cosse. La crise économique, sociale et environnementale crée une urgence qui ne permet pas d’attendre 2017 pour réagir. Le président et son gouvernement se sont égarés. A plusieurs reprises, ils ont montré qu’ils étaient faibles avec les forts et forts avec les faibles. Bien sûr, beaucoup de choses positives ont été faites : rétablissement de la loi sur le harcèlement sexuel, la loi ALUR sur le logement, le progrès très important de la loi Hamon sur l’économie sociale et solidaire. Le problème, ce sont tous les égarements, les signes ahurissants envoyés au monde de l’entreprise sans discuter des bas salaires, de la modernisation du droit du travail ou du respect des salariés. Et cela alors que la transition énergétique pourrait servir de vecteur de création d’emploi. Quels que soient les désaccords que l’on peut avoir sur certains axes politiques, il est hors de question pour les écologistes de baisser les bras, ou de penser qu’il suffirait simplement de constater nos divergences avec le gouvernement. Il faut vraiment continuer à mettre la pression pour agir. C’est pour cela que nous maintenons le rapport de forces avec le gouvernement pour que, dans certains domaines, il prenne d’autres voies. Porter une vision écologique de l’économie au cœur du débat permettrait de déboucher sur des prises de position beaucoup plus fortes.
Emmanuelle Cosse. La crise économique, sociale et environnementale crée une urgence qui ne permet pas d’attendre 2017 pour réagir. Le président et son gouvernement se sont égarés. A plusieurs reprises, ils ont montré qu’ils étaient faibles avec les forts et forts avec les faibles. Bien sûr, beaucoup de choses positives ont été faites : rétablissement de la loi sur le harcèlement sexuel, la loi ALUR sur le logement, le progrès très important de la loi Hamon sur l’économie sociale et solidaire. Le problème, ce sont tous les égarements, les signes ahurissants envoyés au monde de l’entreprise sans discuter des bas salaires, de la modernisation du droit du travail ou du respect des salariés. Et cela alors que la transition énergétique pourrait servir de vecteur de création d’emploi. Quels que soient les désaccords que l’on peut avoir sur certains axes politiques, il est hors de question pour les écologistes de baisser les bras, ou de penser qu’il suffirait simplement de constater nos divergences avec le gouvernement. Il faut vraiment continuer à mettre la pression pour agir. C’est pour cela que nous maintenons le rapport de forces avec le gouvernement pour que, dans certains domaines, il prenne d’autres voies. Porter une vision écologique de l’économie au cœur du débat permettrait de déboucher sur des prises de position beaucoup plus fortes.
Le 14 juillet 2013, le président de la République avait annoncé : « La reprise est là ». Depuis, il a dû se raviser. Sa politique économique est-elle en cause ?
Emmanuelle Cosse. Je ne crois pas aux recettes anciennes : pour créer de l’emploi, il ne suffit pas simplement de baisser les charges et de remettre en cause le Code du travail et les protections qu’il offre aux salariés. Sur ce sujet, le gouvernement est à côté de la plaque. Mais ce qui cloche fondamentalement, et c’était déjà le cas durant le mandat de Sarkozy, c’est qu’on a l’impression que le gouvernement est dans une attente christique de la croissance. C'est-à-dire que tant que la croissance ne sera pas revenue, il ne se passera rien. On a même entendu François Rebsamen ou Michel Sapin expliquer que sans croissance à 1,5 %, il n’y aura de toute façon pas de création d’emploi. C’est inacceptable. Je suis de plus convaincue qu’il n’y aura plus de croissance comme avant le choc pétrolier. La question qu’on doit poser, c’est : comment créer de la richesse et la distribuer pour générer de la solidarité et de l’égalité dans la société, sans tout faire dépendre de la croissance ? Ce qui a différé entre la gauche et la droite pendant des années, c’était de savoir comment redistribuer les fruits de la croissance. Sauf qu’il n’y en a plus aujourd’hui. Nous proposons une réflexion différente sur la situation économique : comment utiliser l’argent public et privé, à partir de la question suivante : comment investir et dans quelle filière d’emploi pour assurer à notre société entière des conditions de vie dignes ? Cette réflexion s’impose aussi parce que la croissance économique des pays industrialisés est fondée sur le pillage des ressources naturelles et sur une course à la production qui fait fi des questions de pollution et de santé. Ce modèle ne tient plus debout. L’économie verte, la transition énergétique, le bâtiment, les services à la personne sont à développer de façon totalement différente.
Quelle politique pourrait réconcilier la gauche aujourd’hui divisée ?
Emmanuelle Cosse. Un autre cap est possible sur la base de 2012. Mais il faut pour cela corriger l’erreur commise en 2012, où l’on n’a pas su rassembler l’ensemble de la gauche sur une politique commune. Je sais qu’il y a eu débat à l’époque au Front de gauche, mais je pense qu’il est extrêmement dommage qu’il soit resté en dehors, car l’opposition de gauche ne marche pas. Elle ne porte pas ses fruits et elle ne se traduit pas par des succès électoraux. Moi, je ne me reconnais pas dans l’idée qu’il faut être contre. Ce que l’on demande à la gauche, c’est de recréer de l’espérance et de l’adhésion. Et c’est une illusion de croire que l’on en créera contre Hollande comme on en a créé contre Sarkozy. Ce qu’il nous faut, c’est un projet alternatif, montrer qu’un nouveau cap est réellement possible à mettre en œuvre, qu’un tel projet peut fonctionner et rassurer. Il faut le construire avec toutes les forces qui le souhaitent, sur des valeurs communes et sans exclusive. Personne à gauche ne détient seul la vérité ni ne peut avoir la certitude de l’emporter. Cela impose à l’ensemble des forces de gauche de réfléchir à ce qu’elles sont capables de faire ensemble, et donc d’accepter aussi des compromis, une vision partagée de l’avenir. Il faut pour cela en débattre, discuter de nos accords et de nos désaccords, et nous confronter à la réalité. C’est à cela que l’on doit s’atteler dans les mois et les années qui viennent, non seulement d’un point de vue théorique, mais aussi d’un point de vue électoral.
Le quinquennat peut-il encore être sauvé ?
Emmanuelle Cosse. Oui, il peut l’être. Je pense que tout est encore possible. Il y a urgence à ce que François Hollande dise aux Français quelle voie il veut tracer. Il doit absolument montrer qu’il se soucie de leur quotidien. Deux ans et demi, c’est beaucoup pour agir. Je n’ai jamais adhéré au discours qui prétend qu’il faut attendre le résultat des réformes pour voir ce qu’il faut revoir ou corriger. De nombreux chantiers peuvent être engagés rapidement : lancer un plan national de rénovation des bâtiments et des logements, par exemple. Les pays qui se sont engagés dans cette voie avec toutes les filières concernées ont dopé leur économie. Et nos propositions pour une réforme fiscale d’ampleur, une vraie réforme bancaire, sont toujours d’actualité. Encore faut-il que tout cela s’inscrive dans un plan global. Aujourd’hui, les Français ne comprennent pas dans quel sens va l’action du gouvernement. Nous, écologistes, sommes disponibles pour redonner un sens à la majorité, sur la base du programme de 2012. Il ne faut pas abandonner. Nous sommes disponibles pour recréer de l’espérance, le problème c’est que je ne sais pas si le gouvernement est, lui, disponible pour cela.
Votre formation ne compte plus de ministres au gouvernement depuis avril… Un pas vers l’entrée dans l’opposition ?
Emmanuelle Cosse. Être dans l’opposition, c’est se résoudre à l’absence de dialogue. A mon sens, le sujet qui doit nous occuper est plutôt : comment renouer le dialogue pour co-construire ? Mais cela ne veut pas dire qu’il n’appartient qu’à ceux qui expriment des doutes, s’abstiennent ou votent contre des textes, de se remettre en question. Il est du devoir du gouvernement mais aussi du PS de s’interroger sur ce qu’ils veulent faire avec leurs partenaires, et au-delà avec toutes les forces de gauche qui ont contribué à la victoire de 2012. Que faire réellement ensemble, pour le pays ? C’est à cette interrogation que le président doit répondre.
- See more at: Emmanuelle Cosse : « François Hollande s’est égaré »